Les raisons de mon départ de Montréal et mon organisation pour revenir vivre en France - Photo par Chutersnap

J’ai mis du temps à écrire cet article car il n’est vraiment pas simple à formuler pour moi. Je vais vous y raconter pourquoi j’ai dû quitter Montréal et dans quelles circonstances je suis rentrée en France en Septembre 2014. Je souhaite que cet article serve aux personnes expatriées à ne pas faire les mêmes erreurs que moi et que ceux qui rentrent en France dans la précipitation ne se sentent pas seuls dans cette situation plus que difficile.

Pour que cela soit plus facile à comprendre, je vais y aller étape par étape.

Se faire virer du jour au lendemain

Depuis Novembre 2013, cela n’allait plus vraiment dans mon travail. L’ambiance était devenue assez électrique entre ma direction et moi, et quand vous êtes responsable d’un service, vous captez toutes les mauvaises nouvelles pour éviter que votre équipe n’en soit affectée et se démoralise. Nous ne sommes pas tous capables de faire face aux mauvaises nouvelles de la même manière.

Un jour, j’ai été convoquée pour un déjeuner. J’avais le sentiment que ça n’allait pas bien se passer et ça n’a pas loupé. J’ai reçu une liste de reproches en pleine face (autant vous dire que le quota d’humiliation était à son comble) et il m’a été demandée de redresser la barre financière de mon service. C’était la première fois que j’avais les vrais chiffres en face des yeux. A aucun autre moment, il ne m’avait été communiqué. Je me suis rendue compte à ce moment-là que non seulement il y avait des modifications entre mes devis et ce qui était réellement proposé aux clients (ajustements assez improbables), mais qu’en plus de ça, les clients demandaient des remises très importantes qui mettaient effectivement le service en péril (je veux bien qu’il y ait de la négociation, mais il y a des limites à mettre sa propre entreprise en danger). J’ai pris une grande baffe ce jour-là. Mais vous savez quoi, en tant que chrétienne, je prends cette expérience de manière ultra-positive car elle me sert tous les jours pour ma propre entreprise. Rien de mieux qu’un bon entrainement pour atteindre sa vitesse de croisière en business.

En plus de cela, on m’a demandé de redresser la barre en faisant entrer des nouveaux clients pour une somme assez importante. Je n’avais pas le choix que d’accepter. Je vous passe tous les détails de la conversation, car vous tomberiez des nues, surtout si vous aussi vous êtes managers ou entrepreneurs. Je ne dis pas qu’il faut avoir un comportement parfait, mais le respect reste quand même très important.

J’ai travaillé plus que durement pour obtenir des résultats et quelques jours avant la date limite, je n’avais malheureusement pas atteint la totalité des chiffres que je devais atteindre. Cela se ferait quelques jours plus tard, à condition qu’un dernier contrat rentre. J’étais donc disposée à partir de l’agence sans même que mon équipe soit au courant. Finalement, nouveau rebondissement (oui parce que cette histoire ressemble à Dallas), j’ai été convoquée pour m’indiquer que je gardais ma place.

Mais vous savez quoi… il y avait toujours anguille sous roche. Fin Mars 2014, j’ai été convoquée (sans motif à l’agenda, donc pas bon signe) et devant une tasse de thé, on m’a remerciée. Au Canada, c’est comme aux USA. Sur le coup, je m’y attendais et j’étais soulagée car cette atmosphère de travail était devenue à mes yeux trop malsaine.

Heureusement, j’ai toujours mis un point d’honneur avec mon équipe de l’époque à garder une traçabilité de chaque échange. Un point indispensable quand on fait des relations publics. Il n’y a donc jamais eu de soucis d’informations non partagées et le service a quant à lui puis continuer à donner le meilleur pour nos clients.

Trouver un nouveau travail

Après le choc et les larmes (oui parce qu’il y en a eu bien sûr), j’ai tout de suite appelé l’immigration pour savoir comment je pouvais faire pour rester sur le territoire. Je n’avais qu’une solution : Trouver un autre travail au plus vite et obtenir un nouveau visa. Sachant que de mon côté, j’avais un visa toujours valable jusqu’à l’année d’après, j’avais donc le droit de rester sur le territoire.

J’ai donc envoyé mon CV et ma lettre de motivation dans quelques entreprises avec lesquelles j’avais de bonnes relations. Je ne le répèterai jamais mais avoir un réseau est très important. Et en moins de 3 semaines, j’avais trouvé un nouveau job absolument parfait avec en prime : mon propre bureau. Et ça, je peux vous assurer que c’était à l’époque pour moi le St Graal après près de 4 ans dans un Open Space.

On a donc embarqué pour faire un visa travail ensemble. Les papiers ont été envoyés fin Mai-début Juin (je ne me souviens plus exactement de la date). Puis, il a fallu attendre.

Ne pas obtenir son visa

Cette année-là, en 2014, il faut savoir que ça a été une année noire pour les expatriés. Quand tu vis dans un pays qui n’est pas le tien, tu dois absolument pouvoir avoir le droit de vivre dans ce pays. Et malheureusement, même si tu montres que tu t’y es intégré, que tu y vis depuis plus de 4 ans, que tu as des amis qui sont comme ta famille, que tu paies tes impôts… Cela ne sert à rien quand il y a une préférence nationale. Et c’est exactement ce qu’il s’est passé quand durant un an il y a eu Pauline Marois en tant que première ministre du Québec. De la préférence nationale découle des lois, dont celles qui ont des conséquences sur le travail et sur l’immigration. Sachez que ces lois-là ont changé depuis.

En gros, pour vous faire un schéma rapide, il a été indiqué à mes futurs employeurs dans une lettre adressée uniquement à l’entreprise qui voulait m’embaucher, que je prenais la place d’un travail québécois et que je ne pouvais donc pas obtenir mon visa (en plus de quelques autres informations).

J’ai reçu cette nouvelle début Août. J’étais dévastée. Ce que je ne vous ai pas indiqué, c’est que lorsque tu es sur le territoire canadien sans visa de travail ouvert, tu n’as pas le droit de travailler pour n’importe quelle entreprise, tu n’as même pas le droit de faire du bénévolat. Mes parents m’ont soutenue financièrement durant toute cette attente de visa. Mais je ne pouvais pas continuer dans ce gouffre financier. J’ai donc annoncé que je rentrais dès que possible.

Devoir partir en moins d’un mois

Quand vous avez mois d’un mois pour organiser tout et repartir en France, vous n’avez pas le choix que de vendre toutes vos affaires. Je pensais réellement à ce moment-là, rentrer en France uniquement pour une petite année. Faire ma demande de résidence permanente et repartir à nouveau au Québec. Mais clairement, ça n’a pas été le cas. C’est donc une excellente chose que j’ai appliqué la même méthode que pour ma venue à Montréal dont je vous ai dévoilée ici.

Il y avait aussi une grande problématique : Que faire avec mes chats Bergamote & Violette ? J’avoue que là, j’étais désemparée et j’ai mal géré les choses. J’ai appelé les vétérinaires et les délais étaient trop courts pour pouvoir les amener avec moi.

Ma meilleure amie les a pris chez elle durant de longs mois. En Septembre 2015, après des mois de recherches d’une nouvelle famille, elles ont été confiées à la SPCA (l’équivalence de la SPA). Ma cousine y avait une de ses proches amies qui y était bénévole. Amandine a été une bénédiction dans cette terrible épreuve. Et toute l’équipe était aux petits soins pour mes fifilles et elles ont trouvé au mois de Novembre une nouvelle famille idéale pour les accueillir. Je crois que cette épreuve a été l’une des plus difficiles de ma vie. Ne pas savoir quoi faire à distance est terrible. Heureusement, la fin de l’histoire est joyeuse mais je peux vous dire que j’ai appris beaucoup de leçons et j’ai pleuré enfermée dans beaucoup de toilettes pour que personne ne me voit.

Coup dur en revenant en France

Je tenais dans cet article à vous faire part du coup dur que cela est de revenir en France. De 2009 à 2014, j’ai énormément changé. J’ai eu le temps de modifier ma manière de travailler, mon rapport aux autres, le respect pour les caissiers au supermarché (car oui au Québec, on demande à tout le monde « si ça va bien ? », ma manière de parler de mon travail, mes valeurs, sans oublier que dans ce laps de temps, je suis devenue chrétienne, et ça je peux vous assurer que ça joue dans la balance aussi.

J’ai pris une claque de voir que la société française est si cloisonnée. On n’aide pas les gens à être libres tout simplement. Il y a beaucoup de jugements et de médisances. Le rapport au travail est souvent malsain. Et l’épanouissement n’est pas une priorité. J’ai pris une claque, oui, une grosse claque. Quand je suis arrivée, je n’avais donc plus d’argent. J’ai dû faire mes papiers pour toucher le RSA (merci Seigneur parce que trouver un travail, c’est de l’ordre du miracle). J’ai eu la bénédiction aussi d’être acceptée en tant que professeur à l’ISCOM mais quelques heures seulement, alors pour joindre les deux bouts, j’ai fait des ménages. Et c’est au bout de quelques mois que j’ai obtenu mon dernier boulot en tant que salariée. Là encore, j’ai vraiment déchanté très vite. Mais ça, je vous le réserve pour un autre article tellement il y a à dire.

Toutes ces étapes ont fait que j’ai appris beaucoup sur moi-même, mon rapport aux autres et mes capacités à m’en sortir. Je crois que c’est aussi pour ça que je n’ai pas eu peur quand l’appel de créer ma propre entreprise a été plus fort que tout. De toute chose, on apprend ! Ne l’oubliez pas !

Photo par Chuttersnap via unspalsh